Bruno Gollnisch : Allocution inaugurale du Président du Parlement Européen
Intervention de Bruno Gollnisch à l'occasion de l'allocution inaugurale du Président du Parlement Européen
Monsieur le Président,
En tant que député non-inscrit, je m'exprime, bien sûr, en mon nom
personnel, mais aussi au nom de certains de mes collègues, pas mes
collègues néerlandais du PVV, mais mes collègues du Front national, du
parti bulgare Ataka, du parti autrichien FPÖ, du parti britannique
British National Party, du parti hongrois Jobbik et du Vlaams Belang
flamand.
Je voudrais dire, Monsieur le Président, que je ne doute pas un seul
instant de la sincérité des propositions que vous avez formulées. En
revanche, vous me permettrez de dire que je doute de leur réalisme.
Vous avez d'abord évoqué le problème de la crise économique. C'est un
fait que des millions d'Européens voient leur patrimoine et leurs
emplois menacés par les effets pervers d'une mondialisation qui les
livre, pour le profit d'un petit nombre, à la concurrence déloyale de
pays où les travailleurs sont exploités d'une façon cynique, ainsi qu'à
la rapacité d'intérêts financiers apatrides. L'Union, malheureusement,
n'a pas protégé les Européens de cette situation. Elle les y a, au
contraire, précipités.
Deuxièmement, je voudrais peut-être appeler, de ma modeste position,
mais exprimant les forces politiques dont M. Schulz a bien voulu
reconnaître qu'elles étaient menaçantes pour les organisations
traditionnelles – et je l'en remercie –, je voudrais appeler notre
Assemblée, et vous-même, Monsieur le Président, à plus de modestie, à
une certaine autolimitation dans nos compétences. Je suis intimement
persuadé, en tant qu'Européen et en tant que chrétien, qu'un certain
nombre des valeurs que nous portons sont des valeurs universelles.
Je n'en suis que plus à l'aise pour dire avec force que nous ne sommes
pas appelés à donner au monde des principes et des lois, d'autant plus
qu'il existe pour cela des organisations, comme l'Organisation des
Nations Unies, d'autant plus qu'il y a beaucoup à faire en Europe même,
où contre le droit à la vie, nous organisons l'élimination de nos
propres enfants, où contre la liberté d'expression, nous faisons passer
une dictature morale, médiatique, politique et judiciaire de ce que
l'on appelle le "politiquement correct". Des formations politiques qui
expriment comme les nôtres les souffrances et les espoirs de millions
d'Européens sont discriminées, pourchassées, parfois même dissoutes,
comme l'a été le Vlaams Blok en Belgique, scandale absolu qui n'a pas
suscité la moindre protestation dans cette Assemblée. Si cela s'était
passé en Afrique ou en Amérique latine, on aurait entendu, sans doute,
un autre son de cloche.
Les députés non-inscrits que nous sommes n'ont pas les mêmes droits que
les autres, c'est évident, et ils n'ont toujours pas, comme nous vous
l'avons dit hier, de représentants à la Conférence des présidents.
Enfin, des millions d'Européens sont privés, par l'effet des modes de
scrutin, de la possibilité d'être représentés dans les organes
législatifs de leur pays, qui sont censés représenter le corps
électoral dans sa diversité.
En conclusion, je voudrais exprimer le vœu que nous nous souvenions à
chaque moment, dans toute notre action, que l'Europe est, dans
l'histoire de l'humanité, l'espace qui a inventé la liberté des
nations, que l'on ne trouve nulle part ailleurs, leur égale dignité, le
respect de leurs compétences internes et le principe de non-ingérence,
qui signifie que chacun est maître chez lui et sur son territoire.
C'est un des grands apports de la civilisation européenne au patrimoine
de l'humanité.