Pour acheter sa réforme des collectivités locales, Sarkozy veut augmenter la rémunération des élus locaux
C'est parti. La réforme des collectivités locales est sur les rails depuis ce matin, avec l'installation à l'Elysée du comité Balladur chargé de réfléchir à la simplification des échelons de décentralisation. Réforme ou démantèlement ? La question reste posée si l'on s'en réfère au rapport Attali, dont on sait qu'il propose la suppression pûre et simple des départements. Pour l'instant, le seul point sur lequel tout le monde s'accorde dans la majorité est l'idée de fusionner conseils généraux et conseils régionaux. Reste à déterminer ce qui va effectivement fusionner.
Va-t-on, comme le réclament certains élus, se contenter d'une solution a minima fusionnant les structures administratives du conseil général et du conseil régional tout en conservant deux assemblées distinctes élues selon les règles actuelles ? Rien n'est moins sûr, François FILLON ayant pris position pour une fusion complète des deux assemblées, ce qui reviendrait à faire disparaître l'une d'entre elles. Paradoxalement, ce sont les conseillers régionaux qui devraient disparaître, alors que la réforme prétend supprimer les conseils généraux... En effet, le conseil régional serait transformé en une assemblée de conseillers généraux tous élus dans leur canton au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Exit le scrutin de liste à la proportionnelle avec prime majoritaire qui assurait la représentation de toutes les forces politiques significatives au sein des assemblées régionales, notamment celle du FN...
Si les objectifs politiciens de cette réforme sont clairement décelables, ses chances d'aboutir en temps et en heure sont plus hypothétiques. Le prochain renouvellement régional est prévu pour 2010. Cela implique qu'un consensus soit trouvé avant le printemps. Trop tôt disent certains, qui proposent une solution transitoire. D'autres évoquent un report des régionales à 2011 pour que la réforme puisse aboutir avant les prochaines élections.
Quoi qu'il en soit, le premier obstacle sur la route de Nicolas SARKOZY sera la grande réticence des élus locaux dont on sait combien ils sont attachés à leurs avantages... Qu'à cela ne tienne : SARKOZY a tout prévu. Il vient d'annoncer ce matin les orientations qu'il comptait donner au comité Balladur. La première d'entre elles se passe de commentaires. Il s'agit d'augmenter sensiblement la rémunération des élus locaux "dans un contexte où l'on trouve, hélas, de moins en moins d'hommes et de femmes pour s'engager au service de la collectivité". Une manière pour le moins singulière d'être le président du pouvoir d'achat...
Pierre CHEYNET (fn43@wanadoo.fr)