Convention européenne d'Arras : Intervention de Edouard Ferrand
Intervention
de Edouard Ferrand, Docteur en science politique, ancien Chargé de
recherches à la Fondation pour les Etudes de Défense - Hôtel national
des Invalides.
Pour une Europe des nations
1ère partie : « Ils » ont échoué
A
l’origine de la construction européenne les pères fondateurs, Robert
Schumann, en France, Alcide de Gaspari en Italie et Konrad Adenauer en
Allemagne, tous unis par les mêmes convictions démocrates-chrétiennes,
ont un mot d’ordre qui orientera toute leur action : "Plus jamais la
guerre". La seconde finalité de cette Europe d’hier consistait à faire
front commun face à la menace du bloc soviétique.
Mais en fait
de paix, la construction européenne est porteuse de conflits. Il y a
l'impossibilité de toute politique de sécurité et de défense commune
européenne et même du danger qu'il peut y avoir à engager la France et
l'Europe dans une telle voie. L’Europe démocratique fut une totale
utopie voir un marché de dupes. Jean-Marie Le Pen est un des rares
parlementaires à avoir voté contre le Traité de Rome en 1957. Sous
couvert d’instituer la communauté européenne ce traité est un marché de
dupes dont le principe directeur est la domination économique
américaine. Jean Monnet n’explique t-il pas dans ses Mémoires que "la
communauté européenne elle-même n’est qu’une étape vers les formes
d’organisations mondiales de l’avenir ?". L’exemple type est celui du
Traité de Maastricht qui vise indéniablement la mise en place d’un Etat
fédéral, c’est-à-dire un transfert de la souveraineté des Etats vers un
Super-Etat européen, un fédéralisme maquillé mais bien réel. Cette
pensée mondialiste n’a pas pris une ride et a été actualisée.
Le
choc des civilisations de Samuel Huntington, publié en 1993, veut
démontrer que l’Occident est aujourd’hui mené par les Etats-Unis contre
les autres nations. Huntington nous dit qu'il faut désormais penser les
conflits en termes non plus idéologiques mais culturels. La
construction européenne est donc organisée pour assurer aux Etats-Unis
une prépondérance économique, culturelle et stratégique. C’est donc
l’américanisation et la perte par les Européens de leur héritage
culturel.
- Démographie : De moins en moins de bébés européens.
Si rien n’est fait, c’est la fin de l’Europe. Et d’ici 2025, l’ONU veut
imposer aux Européens 159 millions d’immigrés supplémentaires. « A la
fin du siècle, les Européens seront devenus minoritaires ». C’est donc
la survie même de l’Europe qui est à l’ordre du jour.
- La
Géorgie : Les Etats-Unis ont joué un rôle majeur dans la crise de
l’Ossétie du Sud et dans le déclenchement de la riposte russe. Les
Européens n’ont pu exiger la condamnation de la Géorgie.
- La
Serbie : Fin mars 1999, l’OTAN lançait une attaque violente contre la
Serbie. Le but essentiel implicite était de “libérer” le Kosovo de
l’emprise serbe. Les buts réels étaient plus larges : aussi bien
l’affirmation de la puissance américaine.
- Le Kosovo : Création
d’un Etat musulman en Europe. Le drame de cette province historique
serbe perdure dans cette zone des Balkans occidentaux, échappant
totalement au droit international avec la complicité de l’OTAN.
-
La réintégration du commandement intégré de l’OTAN : Après l'éclatement
de l'URSS, superpuissance eurasiatique, toutes les administrations
américaines successives s'étaient fondées sur la thèse que Zbigniew
Brzezinski avait exposé dans son livre Le grand échiquier en 1997 :
"Pour que les Etats-Unis puissent conserver leur primauté sur le monde,
il faut qu'ils réussissent... à prévenir l'émergence d'une puissance
eurasienne dominante qui viendrait s'opposer à eux". Sous Bill Clinton
et George W Bush, la "géostratégie américaine pour l'Europe" s'était au
fond réduite à des efforts visant la désintégration "préventive" du
"grand espace" eurasiatique. A noter que ce retour va coûter 420
millions d’euros sur 5 ans notamment en personnels.
- L’entrée
de la Turquie dans l’Europe programmée : Ce serait tout simplement la
fin de l’Europe, notamment parce qu’il y a 75 millions de Turcs. Ce
pays est aussi peuplé que l’Allemagne, d’une part, et ils ont des taux
de natalité diamétralement opposés, d’autre part. D’ici un siècle et
demi, il n’y aura pas soixante-quinze mais cent cinquante ou cent
soixante-dix millions d’habitants en Turquie.
En conclusion,
l’Europe de Bruxelles, c’est le viol de la nation, c’est le viol de
l’Histoire. En effet, les européistes sont intimement convaincus que
les nations n’ont pas d’avenir, que l’histoire va dans le sens d’une
disparition des nations. C’est l’idéologie de la nation européenne.
2ème partie : L’irréductible permanence de la nation
L’Europe
est un fait historique mais c’est aussi une réalité culturelle et non
politique. Le seul principe d’unité possible est l’unité de
civilisation. La diversité des souverainetés est toujours allée de pair
avec l’unité de civilisation. C’est un enseignement à méditer, car les
Européistes ont échoué. "La véritable Europe a besoin des patries comme
un corps vivant de chair et de sang", citation de François Mitterrand
dans Le coup d’Etat permanent publié en 1964. Il y a donc nécessité à
organiser le continent européen. Pour des raisons de bon sens, les
relations de proximité, mais aussi parce que les Européens se sentent
confusément menacés par les mêmes menaces comme la concurrence
économique mondiale, l’immigration, la crise démographique, elle-même
signe d’une grave crise de civilisation. Ce sont les mêmes menaces, qui
risquent de détruire les fondements même de notre civilisation. Alors,
pour préserver celle-ci il faut s’unir, oui, pour faciliter la
résolution de ces problèmes, mais librement, en laissant chaque pays
maître de son destin et responsable de son devenir.
L’histoire
nous montre la voie à suivre : la coopération volontaire entre Etats,
au service de la puissance, au sein d’une communauté de civilisation
retrouvée.
Aujourd’hui, il convient de rechercher un nouvel «
équilibre européen », par une coopération au service d’un projet
géopolitique : l’Europe de la puissance. Son but : faire survivre
l’Europe et lui assurer une place mondiale.
Conclusion : pour une Renaissance Française
Les
nationalistes sont les seuls à défendre la véritable Europe : celle de
la civilisation, de la culture, de l’esprit. De l’esprit européen, fier
de son histoire et de ses traditions trois fois millénaires. Et riche
de ses diversités nationales et politiques. Pas d’Europe sans Patries
européennes, et donc pas d’Europe sans la France : pour faire renaître
l’Europe, il faut d’abord faire renaître la France, et ne pas se
résigner au déclin ! Car la Renaissance française est possible : c’est
une question de volonté politique ! Aujourd’hui, cette volonté
politique existe : c’est le Front national. C’est même la seule volonté
politique qui existe en France... contre le déclin français et européen.
Si nous restons fidèles à la France, nous resterons fidèles à l’Europe !