Front National – Marine, l’héritière à la main de velours
Après trente-neuf années de règne absolu sur le Front national,
Jean-Marie Le Pen passera la main en janvier prochain. Sa fille Marine
prépare sa succession… en douceur.
Un tee-shirt gris à encolure ronde
moulé sur un jean brut, Marine Le Pen reçoit en toute décontraction.
Avenante, presque enjôleuse, elle sourit à tout-va. Fait chanter sa
voix rocailleuse, accentuée par la cigarette qu’elle vient de fumer.
Son accueil chaleureux tranche avec l’austérité du nouveau siège du
Front national, un bloc de béton niché dans une rue résidentielle de
Nanterre (Hauts-de-Seine). En plein fief communiste. La conseillère
régionale du Nord-Pas-de-Calais, qui est aussi conseillère municipale
d’Hénin-Beaumont, eurodéputée et vice-présidente du FN – « Ah oui, moi,
je cumule ! » sourit-elle –, prépare la succession de son père. « Non,
de Le Pen, corrige-t-elle. Quand je parle politique, je l’appelle par
son nom. »
Car la benjamine de la famille, opposée à Bruno Gollnisch pour prendre les rênes du parti fondé et incarné par Jean-Marie depuis près de quarante ans, sait prendre ses distances. Et gommer les aspérités du discours du père – si prompt à s’en prendre aux immigrés, à fustiger les homosexuels et, d’abord, à remettre en question la Shoah. Marine, elle, préfère botter en touche : « Je suis née en 1968. Ça ne m’intéresse pas de regarder dans le rétroviseur. Je veux me projeter vers l’avenir. » Autrement dit, achever son opération de « dédiabolisation » du parti. Elle s’insurge : « Ça veut dire quoi ? Que je fais un effort pour rendre respectable ce qui ne l’est pas ? Non. Nos idées ne sont pas extrémistes. On a donné de nous une image sulfureuse et inquiétante, mais cette image est fausse ! C’est ce que je m’attache à rectifier. »
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