L’électricité qui devient un luxe en Europe
Extraits d'un article diffusé sur Marianne2.fr le 16 novembre 2010
On pensait qu’elle ferait baisser les prix de l’électricité, mais la concurrence imposée par l’Union Européenne risque au contraire de les faire flamber. Grâce à la loi Norme, le gouvernement pourrait contraindre EDF à vendre une partie de sa production d’électricité à ses concurrents. Un deal qui pourrait coûter chez aux consommateurs français. [...]
Demain mercredi, l’Assemblé nationale devrait entériner la Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité (dite loi Nome). Actuellement, malgré les différentes hausses, EDF produit l’électricité la moins chère d’Europe. Les opérateurs privés qui se sont lancés sur le marché (comme Poweo, GDF Suez ou Direct Energie) sont incapables de s’aligner sur les prix proposés par l’entreprise publique. Du coup, certains d’entre eux, notamment Poweo, sont loin d’engranger les résultats financiers escomptés. Ils se lancent donc dans une opération de chantage en bonne et due forme, afin de contraindre EDF à leur accorder des conditions inimaginables pour n’importe quelle autre entreprise. [...]
En URSS, il fallait tout Etatiser. Dans l’Europe néolibérale, il faut tout privatiser.
Cela s’appelle la « concurrence libre et non faussée ». Au nom de ces
préceptes, le marché de l’électricité a été dérégulé en 2007. Et comme
cela ne suffit pas, Bruxelles a sommé la France d’inventer la loi Nome,
afin d’obliger EDF à faire un peu plus de place à ses concurrents.
Evidemment, il faudra bien que quelqu’un paie la note et le manque à
gagner pour EDF. Pas de surprise. Ce sera le consommateur. Les experts
de la Commission de Régulation de l’énergie (CRE) ont prévu une flambée
des prix de l’électricité de 11,4 % après le vote de la loi, puis de
3,5 % par an, soit jusqu’à 25 % d’ici à 2015. D’ailleurs, c’est un
principe de base : partout où le marché de l’électricité a été
privatisé, les prix ont augmenté.
Un esprit rationnel se demanderait pourquoi il faut absolument
chambouler un secteur fonctionnant sinon très bien, du moins pas mal. Or
c’est une question taboue. Quiconque ose la poser se fait
traiter au mieux de simplisme, au pire de souverainisme. On ne saura
donc jamais pourquoi la loi de la concurrence doit s’appliquer partout, y
compris là où elle n’a que des conséquences négatives.