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1 avril 2010

Régionales : Pourquoi et comment le Front national a retrouvé son niveau d’avant 2007

news_graphics_2008__440928aFN : les 5 clés du rebond
par Arnaud Folch pour Valeurs actuelles

Avec plus de 12 % des voix au premier tour et près de 18 % au second dans les douze régions où il a pu se maintenir, le FN a créé l’une des surprises du scrutin. Explications.

1. Les « déçus de droite » du sarkozysme
Effet balancier : c’est à Sarkozy, qui avait siphonné près de 40 % de ses voix en 2007, que Le Pen doit en grande partie son come-back de 2010. Ces électeurs « lepéno-pragmatiques » – la frange la plus aisée, retraités, commerçants, artisans… – avaient voté il y a trois ans en faveur de l’actuel chef de l’État pour son discours « à droite toute » et sa capacité supposée à le mettre en pratique.

Passé l’état de grâce (jusqu’à 75 % d’opinion favorables pour Sarkozy au sein des sympathisants lepénistes !), « une part importante de cet électorat a été déçue par la politique menée », souligne Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l’Ifop. Ouverture à gauche, et surtout résultats jugés insuffisants en matière de sécurité et d’immigration : « petit à petit, les ex-électeurs FN ont commencé à décrocher ». En se « réfugiant dans l’abstention » puis en « retournant au bercail ». En témoignent, notamment, les résultats du FN dans les grandes villes pieds-noires du Sud, dont Marignane (lire notre encadré page suivante), où il retrouve ses niveaux d’avant 2007 : « Les pieds-noirs ont été très nombreux à voter Sarkozy à la présidentielle, séduits par son discours antirepentance de Toulon, témoigne Thierry Rolando, président du Cercle algérianiste, première association de rapatriés. Mais ils ont été déçus,notamment par les ambiguïtés du gouvernement sur le 19 mars et l’absence de réponse aux « provocations » de l’Algérie. » D’une manière générale, « on n’a pas retrouvé dans les actes du président la parole du candidat », résume le député UMP Lionnel Luca.

2. « L’effet Marine » et l’affaire Frédéric Mitterrand
C’est, selon Jérôme Fourquet, le « tournant » qui a « offert une nouvelle visibilité au FN » : la polémique, lancée fin 2009 par Marine Le Pen, sur le livre de Frédéric Mitterrand. Avant cet épisode, le FN apparaissait comme un « parti usé, incapable de reprendre l’initiative, donc sans utilité ». Le déclenchement de « l’affaire Frédéric Mitterrand », et l’onde de choc qui a suivi, a démontré le « retour en capacité du FN à faire « turbuler » le système ». Une bouffée d’oxygène. Alors que les médias ne s’intéressaient plus qu’à ses divisions internes et à ses problèmes financiers, voilà le FN à nouveau au centre du jeu ! « Cela a rendu l’espoir à ses fidèles et agi comme une piqûre de rappel à ceux qui l’avaient lâché. » Venant après les 47,6 % du FN au second tour de la municipale partielle d’Hénin-Beaumont, c’est une nouvelle fois à Marine Le Pen que l’on doit ce « sursaut ». Omniprésente dans les médias, elle a de plus, selon Fourquet, « rajeuni, modernisé et dynamisé l’image du FN ». Son père a, certes, obtenu le meilleur score de son parti (22,9 %) aux régionales en Paca, mais « c’est à elle, d’abord, que l’on doit, au sein du parti, la permanence, puis le rebond du Front national dans l’opinion ».

3. Un climat favorable
Piètre bilan du gouvernement en matière de lutte contre la délinquance (encore accentué, dans l’opinion, par de sordides faits divers à répétition à la veille du scrutin), politique d’ouverture à gauche réitérée juste avant l’élection (nominations de Michel Charasse et Didier Migaud au Conseil constitutionnel et à la Cour des comptes), « mauvais signaux » adressés à l’électorat de droite en matière d’immigration (affaire Najlae Lihmer, autorisée à revenir en France après avoir été expulsée, lire page 38), et surtout débat sur l’identité nationale « vécu comme un artifice électoral » (Thierry Mariani, député UMP) : dénonçant depuis 2007 les « promesses non tenues » de Sarkozy, le Front national ne pouvait espérer meilleur climat à la veille d’une élection. Un climat qui, selon Jérôme Fourquet, « a remis du carburant dans la machine FN ».

4. Premier tour : le « vote-sanction » des ex-UMP
Contrairement aux idées reçues, « le FN a progressé non pas à cause de l’abstention, mais en dépit de l’abstention », décrypte Jérôme Fourquet (lire tableau ci-dessus). C’est en effet dans ses ex-bastions de 2002 – largement « siphonnés » par Sarkozy en 2007 – que le taux d’abstention a été le plus fort aux régionales : là où Le Pen avait réalisé moins de 10 % des voix en 2002, l’abstention n’a été « que » de 49,8 %, alors qu’elle atteint 56,5 % là où il dépassait 25 % ! Le FN est donc loin d’avoir fait le plein de ses électeurs au premier tour,mais il a bénéficié, en revanche, de l’inattendu apport – insuffisamment prédit par les sondages – d’électeurs sarkozystes de 2007, qui, déçus par la « copie »– jugée trop pâle –, ont préféré retourner à l’« original ».

5. Second tour : le renfort des abstentionnistes du premier tour
Jamais, au cours de son histoire, le FN n’avait autant progressé entre les deux tours. Il a certes bénéficié d’une partie des voix s’étant portées au premier tour sur des listes « dissidentes » (Parti de la France, Ligue du Sud), mais l’ampleur de cette progression tient, d’abord, au… score surprise du premier tour (12,3 %). Lequel a convaincu nombre d’abstentionnistes pro-FN du 14 mars de voter le 21. « Beaucoup d’électeurs FN, notamment parmi son électorat le plus populaire, se disaient « À quoi bon voter ? » avant le premier tour, décrypte Jérôme Fourquet. Mais quand ils ont découvert que le FN franchissait la barre des 10 %, ils ont décidé d’aller au secours de la « victoire ». » En Languedoc-Roussillon, où le FN est passé de 12,7 à 19,3 %, cette hausse record s’explique aussi par le renfort de sympathisants FN ayant voté… Georges Frêche au premier tour (en pensant que le Front ne franchirait pas la barre des 10 %). À noter, enfin, que l’argument « voter FN, c’est faire élire la gauche » martelé par l’UMP n’a, cette fois, pas fonctionné – l’ouverture ayant offert au FN de se défausser : « La gauche ? Mais elle est déjà au pouvoir ! »

Arnaud Folch

Nations Presse Info

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